feel-good·Lecture

Comme un léger parfum de réglisse – Jocelyne BACQUET

Il est des livres qui ne cherchent pas à impressionner, mais simplement à toucher le cœur. Comme un léger parfum de réglisse de Jocelyne Bacquet fait partie de ces trésors discrets, remplis de douceur et de sincérité. Dans ce recueil de 23 nouvelles, l’autrice nous ouvre les portes de son enfance, entre rires, bêtises, émotions furtives et souvenirs tendres. Des instants de vie simples, mais universels, dans lesquels chacun peut se reconnaître. C’est dans le cadre d’un partenariat que j’ai découvert ce joli ouvrage, et je suis heureuse aujourd’hui de vous en parler plus en détail.

Un retour en enfance tout en douceur

Il y a des lectures qui font du bien. Qui nous enveloppent comme un plaid un soir d’automne, ou comme une odeur de gâteau chaud dans la cuisine d’une grand-mère. Petites bulles de souvenirs, recueil de nouvelles signé Jocelyne Bacquet, fait partie de celles-là.

Composé de 23 textes courts, ce livre est une véritable parenthèse enchantée. L’autrice y partage avec tendresse et authenticité des fragments de son enfance, ces instants fugaces qui ont laissé une trace indélébile dans sa mémoire — et dans la nôtre. Chacun de ces récits agit comme une madeleine de Proust : un mot, une scène, un objet, et nous voilà transportés, le cœur serré et le sourire aux lèvres, dans notre propre passé.

J’ai été profondément touchée par la justesse de ces souvenirs, à la fois simples et universels. On s’y reconnaît, on y retrouve des sensations oubliées, des moments partagés avec nos aïeux, des rires d’enfants, des émotions brutes et sincères. Certaines nouvelles m’ont vraiment marquée, notamment Les stylos neufs, Être malade un jour d’école ou encore Le bruit du train qui passe. Ces titres à eux seuls réveillent des images, des sons, des odeurs…

Ce recueil, c’est aussi un hymne à la lenteur, à la magie de l’instant, à une époque où l’on savait encore prendre le temps. Un monde sans écrans, où l’on construisait des cabanes, écrivait avec des stylos plume, observait le monde depuis la fenêtre, rêvait en regardant passer un train. Un monde qui peut sembler lointain mais qui résonne encore en nous.

Et que dire de la couverture ? Elle est l’œuvre de Laure, la fille de l’autrice. Une douce aquarelle fleurie, nostalgique à souhait, qui m’a immédiatement fait penser au retour des coquelicots dans nos paysages. Ces fleurs si délicates et éclatantes que l’on croyait disparues et qui, aujourd’hui, réapparaissent ici ou là comme un clin d’œil du passé. À l’image de ces souvenirs que ce livre nous aide à préserver.

Avec Comme un léger parfum de réglisse, Jocelyne Bacquet signe un recueil tendre, lumineux, profondément humain. Une lecture rapide mais marquante, à picorer ou à savourer d’un trait, qui nous invite à rouvrir la porte de notre propre enfance.

Une lecture à offrir, à s’offrir, et à relire dès qu’on a besoin de se reconnecter à la beauté des choses simples.

ÉDITEUR : AFNIL  ISBN : 9782494286375  PARUTION : 15/04/2025  NOMBRES DE PAGES : 180   GENRE : RECUEIL DE NOUVELLES NOTE : 5/5

Lecture

Le cœur palpitant des petits chevaux de bois – Audrey PERRI

À la suite d’un grave accident de voiture, Giorgia voit son rêve de danseuse étoile brisé en un instant. Depuis l’enfance, elle ne vit que pour la danse, et cette mise à l’arrêt forcée laisse en elle un immense vide. Cherchant à se reconstruire, elle décide de s’installer quelque temps chez sa grand-mère adorée, Cissy, fantasque et haute en couleur, elle-même en convalescence après une chute.

Ce qui s’annonçait comme une pause salutaire devient rapidement le point de départ d’un voyage inattendu dans les méandres du passé. En découvrant une vieille photographie cachée dans une cheminée, Giorgia soulève le voile sur un pan méconnu de la vie de Cissy. Une photo, un sourire, un homme inconnu… et voilà la mémoire qui s’éveille, les secrets qui remontent à la surface.

Audrey Perri signe ici un roman tout en délicatesse, où la narration alterne entre le présent et le passé, entre Giorgia et Cissy. On remonte ainsi le fil du temps pour mieux comprendre cette grand-mère fantasque : petite fille en 1938, jeune femme dans les années 50, puis épouse, puis grand-mère. Une vie de femme marquée par des choix audacieux, des renoncements, des drames, mais aussi une formidable soif de liberté.

J’ai été particulièrement touchée par le personnage de Cissy. Dès les premières pages, j’ai ressenti une tendresse particulière pour cette femme au caractère bien trempé, à la fois lumineuse et mélancolique. On la découvre enfant pétillante mais en mal d’amour, marquée par une peur de l’abandon et une éducation rigide. Puis, jeune adulte, elle ose tout quitter pour vivre sa passion, dans une société qui n’accorde alors que peu de droits aux femmes. Le roman met en lumière, sans fard mais avec sensibilité, les injustices de l’époque : impossibilité d’avoir un compte en banque à son nom, dépendance économique et sociale à un homme, etc. Des réalités révoltantes qui résonnent encore aujourd’hui.

Cissy est le cœur battant du roman. Elle incarne cette résilience féminine, cette capacité à plier sans rompre, à suivre son propre chemin malgré les obstacles. C’est une héroïne comme on les aime : imparfaite, forte, libre.

En parallèle, Giorgia, sa petite-fille, entame elle aussi un chemin de reconstruction. Sa carrière s’effondre, ses certitudes vacillent, et c’est en puisant dans l’histoire de sa grand-mère qu’elle commence à entrevoir un nouveau départ. J’ai trouvé ce personnage touchant, même si j’ai parfois eu du mal à m’attacher pleinement à elle. Par moments, son attitude un peu passive et intrusive m’a laissée perplexe. Mais sa fragilité, ses doutes et sa sensibilité en font un miroir intéressant à la force tranquille de Cissy.

Et puis il y a Ulysse. Un personnage tout en douceur, rêveur de carrousels, qui apporte au récit une lumière bienvenue. Par son innocence, il devient presque une métaphore : celle des petits chevaux de bois, de ce cœur qui continue de battre malgré les épreuves, de cette beauté qui survit dans un monde cabossé.

Ce que j’ai aimé :

  • L’écriture pleine de tendresse et de poésie d’Audrey Perri.
  • La richesse du personnage de Cissy.
  • La mise en lumière du combat des femmes à travers les décennies.
  • Le subtil entrelacement du passé et du présent.
  • L’émotion sincère qui traverse tout le récit.

Petit bémol :

  • Une Giorgia parfois trop en retrait à mon goût, un peu effacée face à la flamboyance de sa grand-mère.

En résumé :
Le cœur palpitant des petits chevaux de bois est un roman émouvant, sensible, profondément humain. Une histoire de transmission, de résilience, d’amour et de secrets. Audrey Perri y tisse avec talent un hommage vibrant aux femmes qui osent, qui chutent, qui aiment, qui se relèvent. Une très belle lecture que je vous recommande chaudement.

ÉDITEUR : AUTO EDITION   PARUTION : 24/12/2024  NOMBRES DE PAGES : 262  GENRE : LITTERATURE CONTEMPORAINE NOTE : 4.5/5